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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

au cancan. Ouvrez un bal public : danseurs et danseuses ne seront satisfaits que si la police leur permet d’entremêler aux figures les postures et les gestes les plus cyniques. Pendant cent cinquante ans, de Corneille à Beaumarchais, la tragédie et la comédie, renouvelées des Grecs, il est vrai, fleurirent dans notre pays, regardé alors comme la patrie des bonnes lettres et du goût. Puis, le romantisme ayant manqué sa réforme, nous sommes tombés dans la dramaturgie obscène, à tableaux vivants ; dans la littérature pornocratique des Mogador, des Rigolboche, etc. ; dans les exhibitions d’histoire et les évolutions militaires en cinquante tableaux. Les Victoires et Conquêtes, la prise de Constantine, de Malakof, de Puebla, etc., voilà ce qui, avec les scènes et maximes de la vie de lorette, a fini par obtenir la vogue. Je me demande comment l’idée n’est jamais venue au gouvernement, protecteur de l’art et de la morale, dont la censure se permet tant de choses, d’interdire de pareils spectacles. Nous ressemblons trait pour trait aux Romains de la décadence, qui, dégoûtés de Plaute, Térence et Sénèque, n’avaient plus de goût que pour les boucheries du cirque ! Nous venons de donner la mesure de notre talent architectural dans ces bâtisses à cinq étages dont se compose le nouveau Paris, où la population est empilée par chambrées : constructions uniformes, incommodes, dont le prototype est la caserne, et l’hôtel