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ÉVOLUTION HISTORIQUE

immensément travaillé ; j’ai gagné des millions qui ont passé je ne sais où ; j’ai fort bien vécu. J’ai longtemps parcouru le monde, comme dit la chanson ; j’ai vu beaucoup de choses, trop de choses pour ma tête, qui n’est pas forte...

« Je ne me suis pas seulement dévoué à la glorification des armées françaises, je leur ai encore rendu en personne quelques services. Demandez à Ingres et aux autres peintres s’ils ont payé de leur corps à ma façon. Tel ou tel malheur ne fût peut-être pas arrivé pendant la guerre d’Afrique si le colonel, le général, le maréchal eussent écouté mes avis. Aussi les officiers de terre et de mer me rendent justice. Comment donc s’appelle l’amiral qui, pour faciliter l’exécution de mon tableau, la Prise de Lisbonne, fit faire en 1840 un branle-bas de combat à bord de son vaisseau ? —Ah ! l’amiral Lalande, un charmant homme. Deux pauvres canonniers perdirent la vie dans cet exercice.—Et le commandant qui tirait des salves en mon honneur... Charles ! son nom ? — M. Montagnac, — un brave!

« Je n’ai ni parti pris ni système ; je rends le plus exactement possible ce que je vois, sans chercher midi à quatorze heures, et je me conforme aux événements. Voilà tout. » (Les Artistes français, par TH. SYLVESTRE.)

Le biographe à qui j’emprunte ces citations ajoute : « Chacun a vu en Europe, en Asie, en Afrique cet