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ÉVOLUTION HISTORIQUE

cet oubli de l’évêque de Meaux, dix fois plus grand que l’archevêque de Cambrai ?.

Il est inutile que je continue. Le décret qui institua le Panthéon fut une des mille folies de la Révolution ; le frontispice est une œuvre de parti, sans originalité, sans vérité, sans grandeur, qu’il faudra détacher du temple aussi bien que l’inscription, le jour où la France recouvrera, avec la liberté, son bon sens. Quant au Panthéon lui-même, rendu au culte catholique à la rentrée des Bourbons, puis restitué aux grands hommes après la révolution de Juillet, puis de nouveau redevenu une église chrétienne après le coup d’État, et qui ne fait aujourd’hui aucun service, ni sacré, ni profane, puisqu’il ne sert pas de paroisse, je n’y tiens en rien : qu’on en fasse, si l’on veut, un magasin à fourrage.

Ce que je viens de dire, à propos de David (d’Angers) et du Panthéon, prouve une chose,savoir, que lorsqu’il s’agit d’un monument public, institutionnel, commémoratif, l’art doit conserver avant tout le caractère de l’époque, être national, actuel, concret., exprimer les idées du temps et parler la langue du pays. Est-ce que l’inscription de la colonne de Juillet ne vaut pas mieux, dans sa simplicité officielle, que toutes les inscriptions emphatiques, fabriquées en beau latin, en l’honneur de Louis XIY ? A la mémoire des citoyens qui s’armèrent et combattirent pour la défense des liberté