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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

tance entre l’homme et l’homme va se rapprochant toujours, à mesure que la masse s’avance sur la route de la science, de l’art et du droit. Dans la pensée de la Révolution et dans la perspective de la république, l’idée de grands hommes est donc un non-sens ; leur disparition est un des gages de notre délivrance. Ceux de la Constituante qui décrétèrent le Panthéon, et ceux de la Convention qui’y portèrent Lepelletier et Marat. étaient de francs aristocrates : à moins qu’ils. n’aient sous-entendu qu’un jour le peuple tout entier devait y entrer ; auquel cas il eût été plus simple de nous laisser sous la voûte étoilée du ciel.

L’inscription placée sur le frontispice du Panthéon n’est pas moins sujette à critique : Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ! Quoi ! c’est la Patrie maintenant qui est reconnaissante envers ses hommes, envers ses enfants ! J’aurais cru que ce devait être précisément le contraire : A la Patrie ses grands hommes reconnaissants ! Croyez donc à la liberté d’un peuple qui, dès le premier jour de son émancipation, commet de pareils contre-sens. J’ai horreur de l’ostracisme : je crois que le droit suffit pour assurer la république contre l’insurgence des petits et l’usurpation des grands. Le droit, rien que le droit. Un peuple qui ne croit pouvoir garantir sa liberté qu’en exilant successivement ses citoyens les plus capables, et qui l’ont le mieux servi, prouve par cela seul qu’il est indigne de