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ÉVOLUTION HISTORIQUE

patibilité : chaque église, par le fait de sa consécration sous l’invocation d’un saint, a reçu un caractère précis, définitif, qui exclut toute accession nouvelle : c’est le contraire d’un panthéon, ou d’un temple à l’honneur des grands hommes, qui sont. censés devoir y entrer pendant les siècles des siècles. Un panthéon ne peut jamais être fini : il doit y avoir toujours place pour de nouveaux autels ; la perpétuité est son caractère fondamental. Le caractère des églises chrétiennes au contraire, est l’individualité, quant au saint adopté pour patron, et l’éternité, quant à la pensée religieuse. La transformation de l’église Sainte-Geneviève en un panthéon fut donc d’une esthétique puérile, ridicule.

Je n’aime pas non plus ce nom de Panthéon, renouvelé du polythéisme impérial, comme qui dirait : A tous les dieux auxquels commande Borne, et dont César est le chef. Mais puisque le mot est grec et qu’on l’interprète par l’universalité des grands hommes passés, présents et futurs, passons.

Qu’est-ce qu’un grand homme ? Y a-t-il des grands hommes ? Peut-on admettre, dans les principes de la Révolution française et dans une république fondée sur le droit de l’homme, qu’il en existe ? En même temps que le droit de l’homme, nous avons reconnu, comme principe de la société nouvelle, le progrès. Or, un des effets du progrès dans une société homogène, démocratiquement organisée, c’est que la dis-