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ÉVOLUTION HISTORIQUE

tion, et poursuit, au moyen de lignes droites et de lignes courbes, l’absolu plastique, qui est à ses yeux le principe et la fin de toutes choses. Après avoir créé ses prototypes de beauté, il ne devait pas même s’apercevoir qu’il avait oublié de.leur donner une âme.»

On reproche à M. Ingres de piller ses ouvrages. Cela n’a rien d’étonnant, et ce n’est pas sa faute. Celui qui, bannissant de l’art toute idée, s’attache exclusivement à la forme et poursuit l’absolu, s’enferme dans un cercle qui, se resserrant de plus en plus, ne-lui laissera voir à la fin, dans l’infinie variété des modèles, qu’un seul et même type, que son ambition sera de reproduire toujours. A cet égard, les classiques et les romantiques, mais par deux méthodes contraires, les premiers par l’absolu, les autres par la fantaisie ou l’impression personnelle, aboutissent au même résultat, qui est l’irrationalité. — « M. Ingres a passé sa vie, tantôt à répéter les mêmes formes, comme pour détruire la variété de la nature ; tantôt à combiner insidieusement les types les plus célèbres de la tradition avec le modèle vivant. Quel amalgame de traits naturels et de traits factices ! et comme il pille sans scrupule les statues, les bas-reliefs ; les pierres gravées, les camées antiques, les fresques, les vases, les ustensiles d’Herculanum et de Pompéi, les peintures, les estampes, les mosaïques et les tombeaux de l’Italie »