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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

lui attribuait innocemment quelques pauvres peintures de M. Vinchon et l’accablait d’éloges. Un journaliste osait écrire : M. Delacroix peint avec un balai ivre. » (Les Artistes français, par TH. SYLVESTRE.)

Ce qui domine dans E. Delacroix et qui constitue sa personnalité, est une soif inextinguible d’émotions, de passion, de couleur ; un besoin d’énergie et de mouvement qui le poussait, lui d’un tempérament frêle et d’une constitution délicate, assidu au travail, ne sortant presque jamais de son atelier, à exagérer dans ses tableaux les qualités qu’il ne rencontrait pas au même degré dans les ouvrages classiques. Je ne veux point ici m’établir juge entre les deux écoles : la sagesse et la pose classiques m’ennuient ; l’énergie, souvent affectée, superficielle, et qui est un des caractères de notre époque lâche et corrompue, ne m’agace pas moins ; mais .qui ne voit ici que Delacroix, qui faisait consister son romantisme dans la manifestation de ses impressions personnelles, qui définissait la peinture l’art de faire illusion au spectateur, et l’idéal tout ce qui allait à son idée à lui Delacroix, réduisait la réforme de l’art, dont il était le porte-drapeau, à une simple différence dans les moyens d’exécution, alors qu’il fallait la chercher surtout dans le fond des idées, dans la conscience du siècle, dans l’état de la société ?

Aussi qu’arrive-t-il ? C’est qu’à part le pathétique de