qui accueillit le premier consul au retour de Marengo et dont le peintre David se fit l’interprète.
Les empires ne subsistent pas seulement de la prudence des princes ; ils vivent surtout de la dignité des nations. Lorsqu’on écrira l’histoire, non plus apologétique, mais critique du consulat et de l’empire, la campagne de Marengo, tout heureuse qu’elle fut par ses conséquences politiques et par la paix qui la couronna, sera jugée au fond comme une des. plus fâcheuses pour la gloire personnelle de Napoléon, et, ce qui est triste à dire, comme une véritable éclipse du bon sens et de l’esprit civique des Français. Le premier consul commit faute sur faute, et ne dut son salut qu’à des circonstances indépendantes de ses prévisions. Ignorance du fort de Bard. où il faillit se trouver pris le plus sottement du monde : six jours perdus à Milan, sans rien faire, pendant que la garnison de Gènes vivait de tiges de bottes et de rats ; Masséna et son armée sacrifiés contre le devoir militaire, qui prescrivait, avant tout, de le secourir, et forcés, après la plus héroïque défense, de capituler : défectuosité du plan de campagne, consistant à disperser l’armée dans le but d’envelopper comme d’un réseau le général Mêlas, qui d’abord trompa Bonaparte en lui dérobant sa marche, puis enfonça le réseau, gagna sur le premier consul la première bataille de Marengo, et ne succomba, sous les coups de Desaix,