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respect de l’autorité a faibli ; la déférence aux ordres du prince est devenue conditionnelle ; on a exigé du souverain des réciprocités, des garanties ; le tempérament politique a changé ; les royalistes les plus fervents, comme les barons de Jean-Sans-Terre, ont voulu avoir des chartes, et MM. Berryer, de Falloux, de Montalembert, etc., peuvent se dire aussi libéraux que nos démocrates. Chateaubriand, le barde de la Restauration, se vantait d’être philosophe et républicain ; c’était par un acte pur de son libre arbitre qu’il s’était constitué le défenseur de l’autel et du trône. On sait ce qu’il advint du catholicisme violent de Lamennais.


Ainsi, tandis que l’autorité périclite, de jour en jour plus précaire, le droit se précise, et la liberté, toujours suspecte, devient néanmoins plus réelle et plus forte. L’absolutisme résiste de son mieux, mais s’en va ; il semble que la République, toujours combattue, honnie, trahie, bannie, s’approche tous les jours. Quel parti allons-nous tirer de ce fait capital pour la constitution du gouvernement ?



CHAPITRE VII


Dégagement de l’idée de fédération.


Puisque, dans la théorie et dans l’histoire, l’Autorité et la Liberté se succèdent comme par une sorte de polarisation ;