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nique, ni d’une infirmité de notre nature, ni d’une condamnation providentielle, ni d’un caprice de la fortune ou d’un arrêt du Destin : les choses sont ainsi, voilà tout. À nous de tirer le meilleur parti de cette situation singulière.


Considérons que depuis plus de huit mille ans, — les souvenirs de l’histoire ne remontent pas au delà, — toutes les variétés de gouvernement, toutes les combinaisons politiques et sociales ont été successivement essayées, abandonnées, reprises, modifiées, travesties, épuisées, et que l’insuccès a constamment récompensé le zèle des réformateurs et trompé l’espérance des peuples. Toujours le drapeau de la liberté a servi à abriter le despotisme ; toujours les classes privilégiées se sont entourées, dans l’intérêt même de leurs priviléges, d’institutions libérales et égalitaires ; toujours les partis ont menti à leur programme, et toujours l’indifférence succédant à la foi, la corruption à l’esprit civique, les États ont péri par le développement des notions sur lesquelles ils s’étaient fondés. Les races les plus vigoureuses et les plus intelligentes se sont usées à ce travail : l’histoire est pleine du récit de leurs luttes. Quelquefois une suite de triomphes faisant illusion sur la force de l’État, on a pu croire à une excellence de constitution, à une sagesse de gouvernement qui n’existaient pas. Mais, la paix survenant, les vices du système éclataient aux yeux, et les peuples se reposaient dans la guerre civile des fatigues de la guerre du dehors. L’humanité est allée ainsi de révolution en révolution : les nations les plus célèbres, celles qui ont fourni la plus longue carrière, ne se sont soutenues que par là. Parmi tous les gouvernements connus et pratiqués