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ne serait pas avantageux pour le pays de revenir de la constitution de 1852 à celle de 1830 ; si le parti républicain se fondra dans le parti orléaniste ou s’il se rattachera à l’empire, de pareilles questions, dis-je, au point de vue du droit et des principes, sont puériles : un gouvernement, dans les données que nous connaissons, ne valant que par les faits qui l’ont amené et les hommes qui le représentent, et toute dispute de théorie à ce sujet étant vaine et ne pouvant conduire qu’à des aberrations.


Les contradictions de la politique, les revirements des partis, l’interversion perpétuelle des rôles, sont si fréquents dans l’histoire, ils tiennent une si grande place dans les affaires humaines, que je ne puis m’empêcher d’y insister. Le dualisme de l’Autorité et de la Liberté donne la clé de toutes ces énigmes : sans cette explication primordiale, l’histoire des États serait le désespoir des consciences et le scandale de la philosophie.


L’aristocratie anglaise a fait la grande Charte ; les Puritains ont produit Cromvvell. En France, c’est la bourgeoisie qui pose les bases impérissables de toutes nos Constitutions libérales. À Rome, le patriarcat avait organisé la république ; la plèbe enfanta les Césars et les prétoriens. Au seizième siècle, la Réforme est d’abord aristocratique ; la masse reste catholique ou se fait des messies de la façon de Jean de Leyde ; c’était l’inverse de ce que l’on avait vu quatre cents ans auparavant, quand les nobles brûlaient les Albigeois. Que de fois, cette observation est de Ferrari, le