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intérêts, la manière dont ces intérêts se coalisent, déterminent le régime politique, conséquemment le choix du gouvernement, ses innombrables variétés, et ses variations plus innombrables encore. Peu à peu toutes ces classes se réduisent à deux : une supérieure, Aristocratie, Bourgeoisie ou Patriciat ; et une inférieure, Plèbe ou Prolétariat, entre lesquelles flotte la Royauté, organe du Pouvoir, expression de l’Autorité. Si l’aristocratie s’unit à la royauté, le gouvernement qui en résultera sera une monarchie tempérée, actuellement dite constitutionnelle ; — si c’est le peuple qui se coalise avec l’autorité, le gouvernement sera un Empire, ou démocratie autocratique. La théocratie du moyen âge était un pacte entre le sacerdoce et l’empereur ; le Califat, une monarchie religieuse et militaire. À Tyr, Sidon, Carthage, la royauté s’appuya sur la caste marchande, jusqu’au moment où celle-ci s’empara du pouvoir. Il paraît qu’à Rome la royauté tint d’abord en respect patriciens et plébéiens ; puis, les deux classes s’étant coalisées contre la couronne, la royauté fut abolie et l’État prit le nom de république. Toutefois la prépondérance resta au patriciat. Mais cette constitution aristocratique fut aussi orageuse que la démocratie athénienne ; le gouvernement vécut d’expédients, et, tandis que la démocratie athénienne succomba au premier choc, à la guerre du Péloponèse, la conquête du monde fut le résultat de la nécessité où se trouva le Sénat romain d’occuper le peuple. La paix donnée au monde, la guerre civile sévit à outrance ; pour en finir la plèbe se donna un chef, détruisit patriciat et république, et créa l’empire.