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tiques qui ne peuvent entendre parler d’une opinion contraire à la leur sans éprouver une sorte d’horripilation. Qu’ils apprennent donc, les malheureux, qu’ils sont eux-mêmes et nécessairement infidèles à leur principe, que leur foi politique est tissue d’inconséquences, et puisse le Pouvoir à son tour ne plus voir, dans la discussion des différents systèmes de gouvernement, aucune pensée factieuse ! En se convainquant une bonne fois que ces termes de monarchie, démocratie, etc., n’expriment que des conceptions théoriques, fort éloignées des institutions qui semblent les traduire, le royaliste, aux mots de contrat social, de souveraineté du peuple, de suffrage universel, etc., restera calme ; le démocrate, en entendant parler de dynastie, de pouvoir absolu, de droit divin, gardera en souriant son sang-froid. Il n’y a point de vraie monarchie ; il n’y a point de vraie démocratie. La monarchie est la forme primitive, physiologique et pour ainsi dire patronymique de l’État ; elle vit au cœur des masses, et s’atteste sous nos yeux avec force par la tendance générale à l’unité. La démocratie à son tour bouillonne de tous côtés ; elle fascine les âmes généreuses, et s’empare en tous lieux de l’élite de la société. Mais il est de la dignité de notre époque de renoncer enfin à ces illusions, qui trop souvent dégénèrent en mensonges. La contradiction est au fond de tous les programmes. Les tribuns populaires jurent, sans qu’ils s’en doutent, par la monarchie ; les rois, par la démocratie et l’anarchie. Après le couronnement de Napoléon Ier, les mots République française se lurent pendant longtemps sur l’une des faces des pièces de monnaie, qui portaient de l’autre, avec l’effigie de Napoléon, le titre Empereur