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Que la démocratie multiplie tant qu’elle voudra, avec les fonctionnaires, les garanties légales et les moyens de contrôle, qu’elle entoure ses agents de formalités, appelle sans cesse les citoyens à l’élection, à la discussion, au vote : bon gré mal gré ses fonctionnaires sont des hommes d’autorité, le mot est reçu ; et si parmi ce personnel de fonctionnaires publics il s’en trouve un ou quelques-uns chargés de la direction générale des affaires, ce chef, individuel ou collectif, du gouvernement, est ce que Rousseau a lui-même appelé prince ; pour un rien ce sera un roi.


On peut faire des observations analogues sur le communisme et sur l’anarchie. Il n’y eut jamais d’exemple d’une communauté parfaite et il est peu probable, quelque haut degré de civilisation, de moralité et de sagesse qu’atteigne le genre humain, que tout vestige de gouvernement et d’autorité y disparaisse. Mais, tandis que la communauté reste le rêve de la plupart des socialistes, l’anarchie est l’idéal de l’école économique, qui tend hautement à supprimer tout établissement gouvernemental et à constituer la société sur les seules bases de la propriété et du travail libre.


Je ne multiplierai pas davantage les exemples. Ce que je viens de dire suffit pour démontrer la vérité de ma proposition, savoir : que la Monarchie et la Démocratie, la Communauté et l’Anarchie, ne pouvant se réaliser ni l’une ni l’autre dans la pureté de leur idéal, sont réduites à se compléter l’une l’autre au moyen d’emprunts réciproques.


Certes, il y a là de quoi humilier l’intolérance des fana-