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qui, par méfiance ou indifférence des formes démocratiques, fait obstacle à la liberté[1].


Les formes de l’anarchie sont indifféremment, à la volonté de chaque individu, et dans la limite de ses droits, celles de la monarchie ou de la démocratie.


Tels sont, dans leurs principes et dans leurs formes, les quatre gouvernements élémentaires, donnés à priori dans l’entendement humain, pour servir de matériaux à toutes les constructions politiques de l’avenir. Mais, je le répète, ces quatre types, bien que suggérés par la nature des choses en même temps que par le sentiment de la liberté et du droit, ne sont point en eux-mêmes et selon la rigueur de leurs lois appelés à réalisation. Ce sont des conceptions

  1. Ce qu’il importe de bien retenir, c’est que les gouvernements se distinguent par leur essence, non par le titre donné au magistrat. Ainsi l’essence de la monarchie est dans l’indivision gouvernementale et administrative, dans l’absolutisme du prince, un ou collectif, et dans son irresponsabilité. L’essence de la démocratie, au contraire, est dans la séparation des pouvoirs, dans la distribution des emplois, le contrôle et la responsabilité. La couronne et l’hérédité elle-même ne sont ici que des accessoires symboliques. Sans doute c’est par le père-roi, par l’hérédité et par le sacre, que la monarchie se rend visible aux yeux : ce qui a fait croire au vulgaire que le signe manquant, la chose n’existait plus. Les fondateurs de la démocratie, en 93, crurent avoir fait merveille de couper la tête au roi, pendant qu’ils décrétaient la centralisation. Mais c’est une erreur qui ne doit plus tromper personne. Le conseil des dix, à Venise, était un vrai tyran, et la république un despotisme atroce. Au contraire, donnez un prince, avec titre de roi, à une république comme la Suisse : si la constitution ne change pas, ce sera comme si vous aviez mis un chapeau de feutre sur la statue de Henri IV.