Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organisé pour la paix ; des armées, qu’en ferait-il ? Tout le service militaire se réduit à celui de la gendarmerie, des commis d’état-major et des préposés à la garde des magasins et des forteresses. Nul besoin d’alliance, pas plus que de traités de commerce : entre nations libres, il suffit du droit commun. Liberté d’échange, sauf le prélèvement du fisc, et dans certains cas débattus en conseil fédéral, une taxe de compensation : voilà pour les affaires ; — liberté de circulation et de résidence, sauf le respect dû aux lois en chaque pays : voilà pour les personnes, en attendant la communauté de patrie.


Telle est l’idée fédéraliste, et telle est sa déduction. Ajoutez que la transition peut être aussi insensible que l’on voudra. Le despotisme est de construction difficile, de conservation périlleuse ; il est toujours facile, utile et légal de revenir à la liberté.


La nation française est parfaitement disposée pour cette réforme. Accoutumée de longue main à des gênes de toute sorte et à de lourdes charges, elle est peu exigeante ; elle attendra dix ans l’achèvement de l’édifice, pourvu que chaque année l’édifice s’élève d’un étage. La tradition n’y est pas contraire : ôtez de l’ancienne monarchie la distinction des castes et les droits féodaux ; la France, avec ses États de province, ses droits coutumiers et ses bourgeoisies, n’est plus qu’une vaste confédération, le roi de France un président fédéral. C’est la lutte révolutionnaire qui nous a donné la centralisation. Sous ce régime, l’Égalité s’est soutenue, au moins dans les mœurs ; la Liberté s’est