Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renversement : l’agitation politique ne peut aboutir qu’à un renouvellement de personnel, jamais à un changement de système. Vous pouvez rendre la presse libre, la tribune libre, l’association libre, les réunions libres ; supprimer toute police politique : l’État n’a point à se méfier des citoyens, ni les citoyens à se méfier de l’État. L’usurpation chez celui-ci est impossible ; l’insurrection chez les autres impuissante et sans but. Le Droit est le pivot de tous les intérêts et devient lui-même raison d’État ; la vérité est l’essence de la presse et le pain quotidien de l’opinion.


Rien à craindre de la propagande religieuse, de l’agitation cléricale, des entraînements du mysticisme, de la contagion des sectes. Que les Églises soient libres comme les opinions, comme la foi : le pacte leur garantit la liberté, sans en redouter d’atteinte. La Confédération les enveloppe et la liberté les balance : les citoyens fussent-ils tous réunis dans la même croyance, brûlant du même zèle, leur foi ne se pourrait tourner contre leur droit, ni leur ferveur prévaloir contre leur liberté. Supposez la France fédéralisée, et toute cette recrudescence catholique dont nous sommes témoins tombe à l’instant. Bien plus, l’esprit de la Révolution envahit l’Église, obligée de se contenter pour elle-même de la liberté, et de confesser qu’elle n’a rien de mieux à donner aux hommes.


Avec la Fédération, vous pouvez donner l’instruction supérieure à tout le peuple et vous assurer contre l’ignorance des masses, chose impossible, contradictoire même, dans le système unitaire.