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« La confédération américaine est appelée par l’enchaînement des idées qui la régissent et par la fatalité de sa situation, à faire plus encore : elle doit, à peine de récrimination de la part des États du Sud, attaquer dans ses sources le prolétariat blanc, en possessionnant les salariés et en organisant, à côté des garanties politiques, un système de garanties économiques. C’est au Nord qu’il appartient de prendre l’initiative de cette réforme, et d’entraîner le Sud plutôt par la force de l’exemple que par celle des armes.


« Hors de là, l’attaque du Nord contre le Sud, hypocrite et impie, ne peut aboutir qu’à la ruine de tous les États et à la destruction de la république. »


Au moins M. Lincoln, obligé de compter avec l’esprit aristocratique et les répugnances morales de la race anglo-saxonne, est-il jusqu’à certain point excusable, et la sincérité de ses intentions doit faire pardonner à son étrange philanthropie. Mais des Français, des hommes formés à l’école de Voltaire, de Rousseau et de la Révolution, en qui le sentiment égalitaire doit être inné, comment n’ont-ils pas senti que la sommation dit Nord entraînait toutes ces conséquences ? Comment peuvent-ils se contenter du semblant d’émancipation de M. Lincoln ? Comment ont-ils le courage d’applaudir à l’appel récent des esclaves à la révolte, appel qui n’est évidemment de la part du Nord aux abois qu’un moyen de destruction, que réprouvent également et le droit de la guerre et le droit des gens ?... Où est l’excuse de ces soi-disant libéraux ? Ne font-ils pas bien voir que le sentiment qui les anime n’est point l’amour de l’humanité,