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tière, ils rompent le pacte fédéral et se constituent en démocratie esclavagiste, présomptivement unitaire.


Pour sauver l’Union, il eût fallu, d’un commun accord et d’une volonté énergique, deux choses : 1o Affranchir les Noirs et leur donner droit de cité, ce dont les États du Nord n’accordaient que la moitié et que ceux du Sud ne voulaient pas du tout ; 2o combattre énergiquement le prolétariat grandissant, ce qui n’entrait dans les vues de personne. Menacée du Sud et du Nord par la servitude noire et par le prolétariat blanc, la Confédération était en péril : l’obstination des deux parties rendait le mal presque sans remède. Que si, en effet, les choses étaient laissées à elles-mêmes, si la classe propriétaire du Nord et l’aristocratie du Sud restaient unies, occupées seulement de développer leurs exploitations respectives, sans rien faire pour les travailleurs salariés ou asservis, et sans s’inquiéter de l’heure où les populations se rencontreraient, on pouvait prévoir le jour où, les deux flots venant se heurter, la multitude démocratique du Sud s’infiltrerait dans la masse républicaine du Nord, en même temps que celle-ci déborderait sur celle-là. Alors travailleurs blancs et travailleurs noirs se mêlant et bientôt s’entendant, la classe des exploiteurs n’aurait plus, pour se garantir de l’insurrection servile et prolétarienne, qu’à changer sa confédération en État unitaire, avec force police et gendarmerie, armée nombreuse et permanente, administration centralisée, etc., si elle ne voulait s’exposer à voir esclaves et prolétaires marcher contre elle, en nommant, à l’exemple de ceux de Haïti et du Mexique, un empereur. Si, au contraire, la différence des