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nalité du gouvernement ; d’autre part Napoléon III ayant été créé par le suffrage universel premier représentant de la nation et chef de l’État, le serment, que rien ne le force d’exiger, a pu logiquement et légalement être par lui rendu obligatoire dans ce cas, il n’y a pas de doute que tout bon démocrate ne puisse en sûreté de conscience le prêter. Entre l’opposition démocratique et Napoléon III, ne perdons pas cela de vue, il n’y a pas plus de différence qu’entre Louis-Philippe et Lafayette, Victor-Emmanuel et Garibaldi. Le refus de serment, par lequel se signalèrent les élus de la Démocratie en 1852, s’adressait à la personne du souverain, mais ne touchait pas à sa dignité. Maintenant le serment n’est plus refusé, ce qui revient à dire que la Démocratie, si elle critique la politique impériale, reconnaît en définitive le droit de l’Empereur et la consanguinité qui les unit. Elle garde son attitude d’opposition ; mais cette opposition n’est rien de plus que ce qu’en Angleterre on appelle euphémiquement Opposition de Sa Majesté.


Afin que M. Fr. Morin comprenne mieux l’importance de la question, je lui ferai observer que Mazzini, après avoir prêté serment, possède, pour le cas où il serait mécontent du prince, et toujours en vertu de sa théorie, un moyen de se libérer. Si la maxime d’État n’est pas respectée ; si, par exemple, l’unité de l’Italie, but de la Démocratie mazzinienne, n’est pas faite ; si Victor-Emmanuel se montré incapable ou mal disposé ; s’il cède aux injonctions de l’étranger, Mazzini peut déclarer le prince infidèle à la raison d’État, traître à l’unité et à la patrie, et se proclamer lui-même quitte de son serment. C’est ainsi qu’au moyen âge,