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d’hommes ont ce courage : c’est par là que se distinguent les novateurs dignes de ce nom, ce qui les fait grands dans l’histoire, lorsque par hasard leur idée répond à la conscience de leurs contemporains. Jugeons donc l’idée et la politique de Mazzini, sans prévention mais sans faiblesse, et laissons l’homme. Si je commets quelque erreur, je serai heureux qu’on me la fasse voir, et je m’empresserai de la rétracter, bien moins encore par considération pour Mazzini, dont la personne doit rester étrangère au débat, que pour la Démocratie elle-même, dont il n’est ici que le représentant.


Mazzini est démocrate, de la même manière que l’était Robespierre et que le sont tous les Jacobins. C’est-à-dire que, si par son point de départ et par les intérêts qu’il représente, la Liberté, en général, est sa dominante, elle se change bientôt en Autorité pure par la substitution de la souveraineté collective à la souveraineté dynastique. Cela résulte de la vie, des écrits et de toute la politique de Mazzini. La liberté individuelle, le droit de l’homme et du citoyen, tiennent peu de place dans ses préoccupations. Le contrat social n’est à ses yeux qu’un contrat tacite, unilatéral, où l’homme disparaît dans la masse, où l’individualité est sacrifiée à l’unité. Sa devise, Dieu et Peuple ; son horreur de l’anarchie et du socialisme, ses efforts pour l’unité italienne, démontrent que ce démocrate n’est, comme Robespierre, qu’un homme d’autorité.


M. Fr. Morin, dont le caractère dogmatique, les préférences unitaires et les mœurs puritaines lui donnent