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délabrement des âmes, je crois, en fait de superstition, tout possible. Notre prétendu voltairianisme ne me rassure pas ; je n’ai nulle confiance en des esprits forts qui ne savent que plaisanter et jouir. La philosophie, si elle n’est cuirassée de vertu, ne m’inspire que du dédain. Voilà pourquoi tout en gardant vis-à-vis de l’Église la position qu’a faite selon moi au monde moderne la Révolution, je dénonce au mépris public, avec les manœuvres de la Démocratie unitaire, les coups de bascule d’un panthéisme sans mœurs et d’une coterie sans principes.


Après l’appui indirectement prêté à la Papauté, en tant que puissance temporelle, M. Morin me reproche d’avoir soutenu, « non-seulement la fédération républicaine, mais même la fédération monarchique de Villafranca. » — M. Cernuschi, au rebours, le chef des barricades de Rome, auteur principal de la République romaine en 1849, dont j’ai oublié dans ma dernière publication de citer le nom à côté de ceux de Ferrari, de Montanelli, d’Ulloa, Henri Cernuschi me disait l’autre jour : « À leur république unitaire, j’eusse préféré cent fois une fédération de monarchies. » Et, n’en déplaise à M. Fr. Morin, je suis de l’avis de M. Cernuschi. Il y a dix à parier contre un qu’une république unitaire, comme celle des Jacobins, deviendra, en vertu de l’unité, une monarchie constitutionnelle ; et tout autant à parier qu’une fédération de monarchies deviendra, en vertu du principe fédératif, une république fédérative. Ainsi le veut la logique des principes, d’après laquelle l’élément prépondérant finit par entraîner les autres. Depuis quand les idées sont-elles condamnées en haine de ceux qui les produisent