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contre toutes les attaques et qui fait du parti catholique le plus puissant de tous, M. Fr. Morin doit le savoir mieux que personne, ce n’est pas son unité, c’est l’affaissement des consciences qu’aucune idée ni d’en haut ni d’en bas ne soutient plus ; c’est le matérialisme de notre enseignement ; c’est l’abandon de la pensée révolutionnaire remplacée par le plus détestable pharisaïsme ; c’est notre impur romantisme et notre libertinage voltairien.


Selon M. Morin, « en étudiant l’hypothèse de la Papauté temporelle supprimée, j’aurais été épouvanté par l’image de l’autorité temporelle se couronnant elle-même d’une royauté absolue sur les âmes. » — Je sais gré à mon honorable critique de chercher des motifs élevés à ma conduite vis-à-vis de la Papauté ; mais telles ne sont pas précisément mes préoccupations. Je crois et j’attends la fin de la Papauté temporelle, puisque je crois et attends la Justice absolue et la pure morale de l’Humanité, dont la Révolution française a été selon moi le précurseur. Je crois donc qu’il viendra un jour où l’autorité spirituelle ne se distinguera plus de la temporelle, puisque toutes deux seront fondées sur la même Conscience, la même Justice, la même Raison et la même Liberté. Ce qui me tient en souci et que je pleurerais de larmes de sang, c’est quelque jonglerie de réforme, renouvelée de Luther et de Calvin ; quelque singerie de religion d’État ou d’Église nationale copiée de Henri VIII ; pis que cela, quelque nouveau culte de l’Être suprême ou de la Raison ; des mascarades comme celles de Ménilmontant, une théophilanthropie, un Mapa, ou toute autre folie spiritiste et mormonique. Dans le