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saisi ce côté de la difficulté que les autres, et sa docilité a gravement fait tort à son jugement. En prenant parti pour le Royaume contre l’Église, il ne s’est pas aperçu qu’il sacrifiait une unité à une autre unité, ce qui rentre toujours dans le paralogisme unitaire. D’abord, ce n’est pas à la théologie qu’il faut demander la solution de la question romaine, c’est au droit public, c’est-à-dire, dans l’espèce, au principe fédératif. Tout ce qui a été dit sur la distinction économique des deux puissances est un hors-d’œuvre, dont le moindre défaut est de mettre hypocritement l’Évangile au service d’une ambition dynastique. Quant à la question de savoir si la dépossession du Saint-Père ne ferait pas avancer la destruction du catholicisme, si, par conséquent, il n’était pas de mon devoir, avant tout autre, d’y applaudir, je ferai remarquer à M. Nefftzer que la destruction des religions n’a point été, que je sâche, mise à l’ordre du jour de la Démocratie ; que Garibaldi marchait entouré de prêtres et de moines patriotes, comme nous faisions en 1848 ; que l’un des reproches les plus graves que m’adresse M. Guéroult est que je suis athée ; que M. Nefftzer lui-même, depuis la fondation du Temps, a tourné le dos à Hegel et s’est montré favorable aux idées mystiques ; qu’en cela encore il a suivi l’exemple du jacobinisme tout entier, depuis Robespierre jusqu’à M. Guéroult ; qu’en un tel état de choses j’étais fondé à penser que, la Démocratie se rattachant définitivement aux idées religieuses, l’opposition faite à la Papauté et à l’Église ne pouvait être, aux yeux de tout libre penseur, qu’une guerre de secte à secte ; que la Révolution, n’ayant aucun intérêt à jurer par Luther ou Calvin plutôt que par