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bonhomie du Temps pour qu’il ne s’aperçoive pas que l’unité italienne est une cause désormais fort compromise, pour ne pas dire une cause perdue.


À l’observation faite par moi que la géographie de la Péninsule exclut l’idée d’un État unique, ou tout au moins d’une Constitution unitaire, le Temps répond que la configuration territoriale est une de ces fatalités dont il appartient à la liberté humaine de triompher, laquelle liberté se manifesterait en cette circonstance précisément par l’unité. MM. Guéroult, Peyrat, etc., l’avaient dit en autres termes : M. Nefftzer croit-il avoir fait preuve d’indépendance en les appuyant de son style philosophique ? Que répondrait M. Nefftzer à quelqu’un qui lui tiendrait ce discours : « Le corps est pour l’homme une fatalité dont il lui est commandé de s’affranchir, s’il veut jouir de la liberté de son esprit. C’est ce qu’enseigne l’apôtre saint Paul dans ces paroles où il appelle la mort : Cupio dissolvi et esse cum Christo. D’où je conclus que le premier de nos droits et le plus saint de nos devoirs est le suicide ?... » — M. Nefftzer répondrait très-germaniquement à cet hypocondre : — Allez au diable et me laissez tranquille !... Je me contenterai de faire observer à M. Nefftzer que ce qu’il prend pour une fatalité anti-libérale est précisément, dans le cas dont il s’agit, la condition même de la liberté ; que le sol est à la nation ce que le corps est à l’individu, partie intégrante de l’être, une fatalité si l’on veut, mais une fatalité avec laquelle il faut se résigner à vivre, qu’il nous est même commandé de soigner comme notre esprit