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qu’il n’avait jamais réfléchi sur la matière. Sans cela il aurait su que la fédération est la Liberté, toute la Liberté, rien que la Liberté, comme elle est le Droit, tout le Droit et rien que le Droit : ce que l’on ne peut dire d’aucun autre système.


Le Temps a allégué pour raison, à l’exemple des démocrates ses chefs de file, le peu d’importance que les confédérations ont obtenu jusqu’à présent dans le monde politique, la médiocrité de leur rôle. De la part d’un partisan du progrès, l’objection a de quoi surprendre. La vérité, en politique comme en toute chose, se révèle peu à peu ; il ne suffit même pas, pour l’appliquer, de la connaître, il faut des conditions favorables. C’est à la suite du Sunderbund que les Suisses ont acquis la pleine conscience du principe qui les régit depuis plus de cinq siècles ; quant aux États-Unis d’Amérique, la guerre civile qui les désole, l’obstination du Sud à maintenir l’esclavage et l’étrange façon dont le Nord entend l’abolir, l’examen de leur constitution, les récits des voyageurs sur leurs mœurs ; tout prouve que l’idée de fédération ne fut jamais parmi eux qu’à l’état d’ébauche, et que leur république est encore tout imprégnée du préjugé aristocratique et unitaire. Cela empêche-t-il que le système fédératif ne soit la loi de l’avenir ? Le monde politique, qui nous semble si vieux, est en pleine métamorphose ; la République, aujourd’hui comme au temps de Platon et de Pythagore, est son idéal, et chacun peut se convaincre par son propre jugement que cet idéal, ce mythe républicain, toujours affirmé, jamais défini, n’a pas d’autre formule que la fédération.