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tage point ces idées de Napoléon Ier ; mais il n’en est pas moins vrai qu’en conséquence de ces idées Napoléon III ne peut aujourd’hui ni permettre, comme empereur, la formation de l’unité italienne et la dépossession du Pape, ni organiser, comme représentant de la Révolution, le système fédératif. S’ensuit-il que j’aie menti à l’histoire, calomnié l’idée napoléonienne, et que je doive être signalé comme ennemi de l’Empire et de la dynastie ?


Et moi aussi j’ai une tradition, une généalogie politique à laquelle je tiens comme à la légitimité de ma naissance ; je suis fils de la Révolution, qui fut fille elle-même de la Philosophie du dix-huitième siècle, laquelle eut pour mère la Réforme, pour aïeule la Renaissance, pour ancêtres toutes les Idées, orthodoxes et hétérodoxes, qui se sont succédé d’âge en âge depuis l’origine du christianisme jusqu’à la chute de l’empire d’Orient. N’oublions pas, dans cette génération splendide, les Communes, les Ligues, les Fédérations, et jusqu’à cette Féodalité, qui par sa constitution hiérarchique et sa distinction des castes fut aussi, dans son temps, une forme de la liberté. Et de qui est fils le christianisme lui-même, que je ne sépare pas de cette généalogie révolutionnaire ? Le christianisme est fils du judaïsme, de l’égyptianisme, du brahmanisme, du magisme, du platonisme, de la philosophie grecque et du droit romain. Si je ne croyais à l’Église, s’écrie quelque part saint Augustin, il voulait dire à la tradition, je ne croirais pas à l’Évangile. Je dis comme saint Augustin : Aurais-je confiance en moi-même et croirais-je à la Révolution, si je n’en retrouvais dans le passé les origines ?