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qu’une fois ma voix étouffée ma pensée obtiendra justice, et que tôt ou tard mes propres ennemis seront mes apologistes.


Mais que dis-je ? Il n’y aura ni bataille ni exécution : le jugement du public m’a d’avance justifié. Le bruit n’a-t-il pas couru, répété par plusieurs journaux, que la réponse que je publie en ce moment aurait pour titre Les Iscariotes ?… Il n’est telle justice que celle de l’opinion. Hélas ! ce serait à tort que je donnerais à ma brochure ce titre sanglant, pour quelques-uns trop mérité. Depuis deux mois que j’étudie l’état des âmes, j’ai pu m’apercevoir que si la démocratie fourmille de Judas, il s’y trouve bien davantage encore de saints Pierre, et j’écris pour ceux-ci autant au moins que pour ceux-là. J’ai donc renoncé à la joie d’une vendetta ; je me tiendrai pour très-heureux si, comme le coq de la Passion, je puis faire rentrer en eux-mêmes tant de faibles courages, et leur restituer avec la conscience l’entendement.


Puisque, dans une publication dont la forme était plutôt littéraire que didactique, on a affecté de ne pas saisir la pensée qui en était l’âme, je suis forcé de revenir aux procédés de l’école et d’argumenter dans les règles. Je divise donc ce travail, beaucoup plus long que je n’eusse voulu, en trois parties : la première, la plus importante