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voulons être quelque chose ; formons, s’il y a lieu, avec nos adversaires et nos rivaux, des fédérations, jamais de fusions. Ce qui m’arrive depuis trois mois m’a décidé, et sans retour. Entre un parti tombé en romantisme, qui dans une philosophie du droit a su découvrir un système de tyrannie, et dans les manœuvres de l’agiotage un progrès ; pour qui les mœurs de l’absolutisme sont vertu républicaine, et les prérogatives de la liberté une révolte ; entre ce parti-là, dis-je, et l’homme qui cherche la vérité de la Révolution et sa justice, il ne peut y avoir rien de commun. La séparation est nécessaire, et, sans haine comme sans crainte, je l’accomplis.


Pendant la première révolution, les Jacobins, éprouvant de temps à autre le besoin de retremper leur société, exécutaient sur eux-mêmes ce qu’on appelait alors une épuration. C’est à une manifestation de ce genre que je convie ce qui reste d’amis sincères et éclairés des idées de 89. Assuré du concours d’une élite, comptant sur le bon sens des masses, je romps, pour ma part, avec une faction qui ne représente plus rien. Dussions-nous n’être jamais qu’une centaine, c’est assez pour ce que j’ose entreprendre. De tout temps la vérité a servi ses persécuteurs ; quand je devrais tomber victime de ceux que je suis décidé à combattre, j’aurai du moins la consolation de penser