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flétrissais, dans le Manuel du spéculateur à la Bourse, le rôle mercenaire de la presse, ce rôle n’a pas changé ; elle n’a fait qu’étendre le cercle de ses opérations. Tout ce qu’elle possédait autrefois de raison, d’esprit, de critique, de savoir, d’éloquence, s’est résumé, sauf de rares exceptions, dans ces deux mots que j’emprunte au vocabulaire du métier : Éreintement et Réclame. L’affaire italienne ayant été commise aux journaux, ni plus ni moins que s’il se fût agi d’une société en commandite, ces estimables carrés de papier, comme une claque qui obéit au signal du chef, commencèrent par me traiter de mystificateur, de jongleur, de bourbonnien, de papalin, d’Érostrate, de renégat, de vendu : j’abrége la kyrielle. Puis, prenant un ton plus calme, ils se mirent à rappeler que j’étais l’irréconciliable ennemi de l’Empire et de tout gouvernement, de l’Église et de toute religion, comme aussi de toute morale ; un matérialiste, un anarchiste, un athée, une sorte de Catilina littéraire sacrifiant tout, pudeur et bon sens, à la rage de faire parler de lui, et dont la tactique désormais éventée était, en associant sournoisement la cause de l’Empereur à celle du Pape, les poussant tous deux contre la démocratie, de perdre les uns par les autres tous les partis et toutes les opinions, et d’élever un monument à mon orgueil sur les ruines de l’ordre social. Tel a été le fond des critiques