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gigantesques, on les invite à des contrefaçons césariennes, sans songer que l’histoire des nations n’est point uniforme, que le progrès ne consiste pas en de vaines répétitions, et que ce qui put se justifier à une époque, serait une coupable chimère dans une autre ; et quand, par une fortune inespérée, l’occasion se présente de réaliser ces projets rétrogrades, on compromet tout, on perd tout, par l’indiscipline, la personnalité et l’extravagance des manifestations.


Le succès devait répondre à la tactique. D’abord, en matière de conspiration, il est rare que les conspirateurs parviennent à se mettre d’accord. Chacun prétend exploiter l’affaire à son profit : c’est à qui s’emparera de l’initiative et fera converger vers ses desseins particuliers tout l’effort de la ligue. La bataille n’est pas engagée que déjà les conjurés se méfient les uns des autres et se menacent.


Les Monténégrins et les Grecs donnent le signal, suivis par ceux des îles Ioniennes. Mais Garibaldi ne répond pas à l’appel, occupé qu’il est d’assurer avant tout le triomphe de l’unité italienne. Le Turc, qu’il s’agissait d’abattre le premier, reste debout ; les Ioniens sont rangés à l’ordre par les Anglais leurs maîtres, amis pour le surplus de Garibaldi. Garibaldi n’avait point songé à la difficulté de conserver à la fois, dans cette conjoncture, l’appui de l’Angleterre et la coopération des Ioniens. Aussi la presse britannique est-elle unanime à blâmer la folle entreprise du général. Les Monténégrins sont écrasés : le résultat pour les Grecs est d’expulser, au lieu du Sultan, leur propre roi Othon, qu’il s’agit actuellement de remplacer par un