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tions particulières, ses rivalités personnelles et ses rancunes. La Démocratie, au fond, n’a pas d’autre but qu’elle-même, c’est-à-dire la satisfaction de ses meneurs et affidés, lesquels ne forment point, comme le vulgaire l’imagine, un parti politique mais une coterie. Si l’unité italienne n’est pas à cette heure un fait accompli, la faute en est aux démocrates.


Le plan de Garibaldi avait pour base d’opérations le principe de nationalité, devenu, ainsi que je l’ai dit plus haut, synonyme du principe d’unité. C’est ainsi que l’idée a été partout comprise et ses conséquences formulées dans l’intuition populaire. Pour les Italiens, qui déjà revendiquaient tout haut d’anciennes possessions perdues, la Corse, le Tessin, le Tyrol, Trieste, la Dalmatie, la nationalité est le rétablissement de l’Italie impériale et pontificale d’après les types plus ou moins modifiés de Charlemagne et de Léon III : capitale, Rome. Pour les Grecs, qui certainement se croient aussi capables que les Italiens et ne seraient pas demeurés en reste, la nationalité consiste dans la restauration du vieil empire schismatique : capitale, Constantinople. Pour les Hongrois, qui considèrent comme des appartenances de la couronne de saint Étienne la Croatie, la Transylvanie, l’Esclavonie, la Galicie (pourquoi pas encore la Moravie et la Bohème ? ), la nationalité se résout dans la substitution d’une dynastie magyare à celle de Habsbourg : capitale, Vienne. Pour les Polonais, à qui l’on eût tout d’abord restitué leurs limites de 1772, une superficie de 38,000 lieues carrées comprenant une foule de populations qui n’eurent jamais de polonais que l’estampille, la natio-