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départ d’une politique nouvelle, et pour son gouvernement intérieur, et pour sa diplomatie au dehors ; mais qu’il fut trompé dans son attente, d’abord par la politique piémontaise, puis par les suggestions de l’Angleterre, enfin par l’entraînement démocratique qu’en présence des manifestations, des clameurs, des révoltes et des annexions, il ne crut pas pouvoir faire intervenir son autorité, et qu’il s’en remit sur l’action du temps.


De là les anxiétés et les hésitations de la politique française, depuis Villafranca jusqu’à la retraite de M. Thouvenel. Que pouvaient devant une situation contradictoire les réticences, les distinctions, les atermoiements, les subterfuges et toutes les habiletés de la diplomatie ? On a laissé faire ce qu’on avait le droit et le devoir et qu’on n’a pas eu le courage d’empêcher ; on a laissé la parole aux événements, ce qui veut dire aux aventures ; on a sollicité de l’Europe absolutiste la reconnaissance d’un royaume dont on désapprouvait l’origine usurpatrice autant qu’on en comprenait le danger ; on a fatigué l’opinion en la tiraillant tantôt dans le sens voltairien et démagogique, tantôt dans le sens royaliste et clérical. Et la contradiction est devenue toujours plus flagrante, la responsabilité plus intense, la situation pire.


Admirez maintenant les jugements de l’opinion et ses retours. Arbitre de l’Europe, je dis de l’Europe conservatrice, en 1852 et 1856 ; espoir de la démocratie en 1859, le gouvernement impérial est aujourd’hui dénoncé par toutes deux, et pour quel crime ? Si je ne me suis pas trompé