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ninsule, tandis que l’armée française, repoussée après un premier effort, démoralisée et diminuée, serait incapable de revenir à la charge. L’Italie aurait renouvelé contre nous, avec un redoublement de facilités et des chances bien plus nombreuses, la tactique employée en 1796 par le général Bonaparte contre les généraux autrichiens. Ainsi, tandis que nous nous croyons couverts par les Alpes, nous sommes en réalité dominés par elles : il suffit, pour changer le rapport, de créer de l’autre côté de cette immense muraille un État unique, au lieu des six qui existaient auparavant. C’est justement ce que la démocratie française, fraternisant avec la démocratie italienne, réclame aujourd’hui, et ce que l’on a tenté en dernier lieu de réaliser par les moyens qu’on verra tout à l’heure.


À coup sûr, et je me plais à le répéter, s’il n’y avait pour l’Italie, en dehors de l’oppression germanique ou gauloise, d’existence politique que celle d’une monarchie unitaire ; si, pour jouir de ses avantages naturels, elle n’avait d’autre moyen que de faire feu sur nous de toutes ses batteries, nous devrions nous résigner. Notre seule chance de salut serait de nous transformer en province italienne, à moins que nous ne fussions assez forts pour faire de l’Italie elle-même une annexe de l’Empire. Dans l’un comme dans l’autre cas la Démocratie n’aurait pas à se féliciter : elle aurait prouvé une fois de plus que le génie de la paix et de la liberté n’est point en elle ; qu’elle s’entend beaucoup mieux à armer les nations les unes contre les autres qu’à les organiser, et que, semblable à ces militaires qui, dans le plus charmant paysage et dans les guérets les plus fertiles,