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Au point de vue stratégique, l’avantage de l’Italie sur la France ne serait pas moindre. À ce propos, ceux qui nous prêchent avec tant d’éloquence la fraternité des nations ne manqueront pas de redire que le siècle répugne à la guerre, que le progrès des mœurs pousse au désarmement, que la civilisation n’admet plus que les luttes pacifiques de l’industrie, etc. On vient de voir ce que sera pour la France cette lutte industrielle, et de quelle prospérité nous menace le libre-échange. Mais, sans parler de la dure condition faite à nos manufacturiers et à nos armateurs, les faits de chaque jour démontrent de reste, pour quiconque n’est ni aveugle ni sourd, que depuis 89 l’état de guerre n’a pas cessé d’être l’état normal des nations, et que si depuis la chute du premier Empire les conflits ont diminué d’importance, la cause n’en est pas aux institutions économiques et à l’adoucissement des mœurs, elle est aux armées permanentes, entretenues à grands frais pour la conservation de notre triste équilibre.


Les risques de conflagration étant donc toujours les mêmes, je ne dirai pas en dépit des intérêts et de leur solidarité, mais précisément en raison des intérêts, l’Italie, puissance centrale et de premier ordre, l’une des plus intéressées, ne peut manquer d’entrer en ligne : de quel côté se rangera-t-elle ? Du côté de ses intérêts sans doute, lesquels, ainsi que je viens de le démontrer, sont radicalement contraires aux intérêts français. Opposée d’intérêts à la France, l’Italie se trouve fatalement notre rivale politique et notre antagoniste ; l’un est la conséquence de l’autre. Le crétinisme et la trahison peuvent seuls le nier.