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compose l’État, dit surtout séparation des pouvoirs. Or, la démocratie est avant tout centralisatrice et unitaire ; elle a horreur du fédéralisme ; elle a poursuivi à outrance, sous Louis-Philippe, l’esprit de clocher ; elle regarde l’indivision du pouvoir comme le grand ressort, l’ancre de miséricorde du gouvernement : son idéal serait une dictature doublée d’inquisition. En 1848, quand l’émeute grondait dans la rue, vite elle se hâta de réunir, dans la main du général Cavaignac, tous les pouvoirs. Pourquoi, se dit-elle, avoir changé le mécanisme gouvernemental ? Ce que la monarchie absolue a fait contre nous, faisons-le contre elle et contre ses partisans : pour cela nous n’avons point à changer de batteries ; il suffit de tourner contre l’ennemi ses propres canons. La Révolution n’est que cela.


Qui dit socialisme, dans le bon et vrai sens du mot, dit naturellement liberté du commerce et de l’industrie, mutualité de l’assurance, réciprocité du crédit, peréquation de l’impôt, équilibre et sécurité des fortunes, participation de l’ouvrier aux chances des entreprises, inviolabilité de la famille dans la transmission héréditaire. Or, la démocratie incline fortement au communisme, formule économique de l’unité : c’est par le communisme seulement qu’elle conçoit l’égalité. Ce qu’il lui faut, ce sont des maximums, des emprunts forcés, des impôts progressifs et somptuaires, avec accompagnement d’institutions philanthropiques, hospices, asiles, crèches, tontines, ateliers nationaux, caisses d’épargne et de secours, tout l’attirail du paupérisme, toute la livrée de la misère. Elle n’aime pas le travail à la tâche ; elle traite de folie le crédit gratuit ; elle tremblerait devant