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la Révolution éclata. La fédération, on peut le dire, fut la première pensée de 89. L’absolutisme monarchique et les droits féodaux abolis, la délimitation provinciale respectée, tout le monde sentait que la France allait se retrouver en confédération, sous la présidence héréditaire d’un roi. Les bataillons envoyés à Paris de toutes les provinces du royaume furent appelés fédérés. Les cahiers fournis par les États qui s’empressèrent de ressaisir leur souveraineté, contenaient les éléments du nouveau pacte.


Malheureusement, en 89, nous étions comme toujours, malgré notre fièvre révolutionnaire, plutôt un peuple imitateur qu’un peuple initiateur. Aucun exemple de fédération tant soit peu remarquable ne s’offrait à nous. Ni la Confédération germanique, établie sur le saint Empire apostolique, ni la Confédération helvétique, tout imprégnée d’aristocratie, n’étaient des modèles à suivre. La confédération américaine venait d’être signée, le 3 mars 1789, la veille de l’ouverture des États-généraux ; et nous avons vu dans la première partie combien cette ébauche était défectueuse. Dès lors que nous renoncions à développer notre vieux principe, ce n’était pas exagérer que d’attendre d’une monarchie constitutionnelle, basée sur la Déclaration des droits, plus de liberté, surtout plus d’ordre, que de la constitution des États-Unis.


L’Assemblée nationale, usurpant tous les pouvoirs et se déclarant Constituante, donna le signal de la réaction contre le fédéralisme. À partir du serment du Jeu de Paume, ce ne fut plus une réunion de députés quasi-fédéraux contractant au nom de leurs États respectifs ; c’étaient les