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volupté vaincue, l’homme est devenu un héros ; aucun effort ne lui coûtera plus : telle est sur lui l’influence de la femme. La première, par sa chasteté, elle a donné l’exemple : elle exige en retour que l’homme se montre vaillant, entreprenant, distingué, toujours prêt pour le devoir et le sacrifice. Elle ne demande plus ni flatterie, ni louange, ni caresse, ni présent, ni fête ; elle a soif d’héroïsme : qu’il soit lui de plus en plus, et la voilà joyeuse. Elle le haïrait égoïste ; elle ne le souffre pas davantage humble avec elle ou familier ; elle le mépriserait, s’il se faisait son égal. Le besoin de commander est nul chez elle ; il n’y a que le besoin d’admirer et d’aimer. Comme elle se plaît à lui devoir tout, fortune, honneur, vertu, elle en attend tout, parce que produire et donner est la prérogative de la force. Qu’il soit fier, laborieux, indulgent pour les autres, sévère envers lui-même : elle le prendrait en dégoût s’il se montrait servile, sans dignité, esclave de l’avarice ou intimidé par aucun. Et l’homme accepte avec bonheur cet empire : de par cette vertu féminine qui met l’amour à la chaîne, il ne veut servir âme qui vive, si ce n’est sa dame ; il n’est sensible qu’à une peine, sa censure ; à une récompense, son approbation.

Pratique du travail et de la Justice : La femme, quoi qu’elle apprenne ou entreprenne, n’est point, par la destination de son sexe, industrieuse, agricultrice, négociante, savante, pas plus que juge, homme de guerre ou homme d’État. Elle peut bien nous prêter dans nos travaux quelque aide, nous assister, dans nos transactions, de quelque conseil ; de tout temps elle a pris pour elle la portion la plus douce du travail : elle a été bergère et jardinière, fileuse, lingère et ménagère ; certains arts semblent faits pour la mettre en lumière, la danse, la déclamation, la mimique. Quant à sa justice, il en est