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les trois règnes antérieurs, minéral, végétal et animal ; et le mariage, constitution à la fois physiologique, esthétique et juridique, se révèle comme le sacrement de l’Univers.

XL

9. Discipline de l’amour.

Nous pouvons maintenant satisfaire à la difficulté qui domine toute cette matière : il s’agit de la discipline de l’amour.

L’amour, dans cette organisation de la Justice, se présente comme force motrice : il en est l’excitateur, le promoteur, le coefficient. Sans lui la conscience s’affaisse, la femme redevient impure, l’homme retourne à sa fainéantise et à sa férocité. Or, comment s’exercera l’amour, si difficile à contenter, qu’il est défendu d’ailleurs de rechercher pour lui-même, attendu que, recherché pour lui-même, l’amour n’est plus le producteur de la Justice, il en est l’abolition ? Nous avons vu de quelle manière, fléau des sociétés, il les corrompt dans leur vitalité et dans leur conscience : par quel correctif en restera-t-il l’incorruptible ferment ? Quelle sera la pratique légitime de l’amour ? Il faut, avons-nous dit, que l’amour obéisse ; c’est l’objet, c’est la promesse du mariage : comment soumettre à une règle ce dont l’essence consiste à ne reconnaître pas de règle, et que le sentiment universel déclare indomptable ?

On a vu, dans une autre Étude, comment s’opère la purgation des idées et l’élimination de l’absolu : c’est par un procédé analogue que nous arriverons à la discipline de l’amour et à l’hygiène du mariage.

L’amour, dont la virtualité est dans la génération, a sa cause plastique et motrice dans l’idéal. Par l’idéal, il s’élève au-dessus de l’instinct organique et s’empare de