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cœur de l’homme, et devenant corps, esprit et conscience, produisit, comme idéal de l’humanité, la dernière et la plus parfaite des créatures.

Et pourquoi, encore une fois, cette création poétique, dans laquelle la nature semble avoir agi plutôt en artiste qu’en économe ? Pourquoi fallait-il que l’homme eût sans cesse devant ses yeux, tout auprès de son cœur, cette idole de lui-même, et comme son âme en personne ?

Je l’ai dit tout à l’heure, en faisant l’analyse des qualités de la femme ; mais il est bon que je le redise.

La femme a été donnée à l’homme pour lui servir d’auxiliaire : Faciamus ei adjutorium simile sibi, dit la Genèse. Non que la femme doive aider l’homme à gagner son pain : c’est le contraire qui aura lieu. La capacité productrice de la femme n’est pas le tiers de celle de l’homme (8 à 27) ; le revenu de la communauté étant représenté par 35, la dépense de la femme sera au moins 17.5, et dès qu’il y aura des enfants, 20, 25, 30. Plus la société se civilise, plus la dépense relative de la femme augmente : au fond, l’homme, content de réparer et entretenir sa machine, ne travaille que pour sa femme et ses enfants.

La femme est un auxiliaire pour l’homme, parce qu’en lui montrant l’idéalité de son être elle devient pour lui un principe d’animation, une grâce de force, de prudence, de justice, de patience, de courage, de sainteté, d’espérance, de consolation, sans laquelle il serait incapable de soutenir le fardeau de la vie, de garder sa dignité, de remplir sa destinée, de se supporter lui-même.

La première femme, mère d’amour, fut nommée Héva, Zoé, Vie, selon la Genèse, parce que la femme est la vie de l’humanité, plus vivante que l’homme en toutes ses manifestations. La seconde femme a été dite Eucharis, pleine de grâces, gratiâ plena, fille d’Anna (la gracieuse) ;