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à l’arithmétique : certaines opérations divisionnelles ne peuvent donner un résultat exact ; de même dans la Justice, soit distributive, soit commutative, soit pénale ou satisfactoire, il est presque impossible que l’application du droit ne laisse à redire ; il y a toujours de quelque côté une inégalité, partant une perte : d’où ce grand principe de philosophie pratique, point de Justice sans tolérance. Or, c’est à l’exercice de la tolérance que la femme excelle. Par la sensibilité de son cœur, par la délicatesse de ses impressions, par la tendresse de son âme, par son amour, enfin, elle arrondit les angles tranchants de la Justice, détruit ses aspérités, et d’une divinité de terreur fait une divinité de miséricorde. La Justice, mère de Paix, ne serait pour l’humanité qu’une cause de désunion, sans ce tempérament qu’elle reçoit surtout de la femme.

Pureté de la vie : — Nous avons dit ce qu’est la femme à l’état de nature ; et les récits des voyageurs, les immondices de la civilisation, les aventures de nos émancipées, ne montrent que trop jusqu’à quel degré d’impudicité elle peut descendre. C’est dans l’homme qu’est le principe de la pudeur. Mais, vraiment, est-ce pour lui que cette vertu lui a été donnée comme en dépôt ? Est-ce qu’elle peut lui compter ? est-ce qu’elle lui sied seulement ?… L’homme est ainsi fait qu’il rougit de rougir, et que sa plus grande honte, même au sein du crime, est encore d’avoir honte. Un vrai visage viril ne rougit pas plus qu’il ne pleure : je puis reconnaître un tort, le regretter, le réparer ; mais je me refuse à la honte, et quiconque m’y expose allume en mon cœur une soif inextinguible de vengeance. La femme seule sait être pudique, parce qu’elle est faible ; mais, par cette pudeur qui est sa prérogative la plus précieuse, elle triomphe des emportements de l’homme et ravit son cœur. C’est surtout