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à l’exemple de Mme  Necker de Saussure, combattent et répriment chez les jeunes filles la joie qu’elles éprouvent de leur beauté ; j’aimerais autant qu’on fît un reproche au citoyen de l’orgueil que lui inspire la liberté, un crime au soldat de la fierté que lui donne son courage. La beauté de la femme n’appartient-elle pas d’ailleurs à tous ceux qui lui sont unis par le sang, l’amitié ou la cité ? Elle réjouit la famille, la vieillesse et l’enfance, et relève jusqu’à la disgrâce de ses compagnes que la nature inclémente a moins favorisées.

XXXIII

Si du corps nous passons à l’esprit et à la conscience, la femme, par la beauté, va se révéler avec de nouveaux avantages.

De la faiblesse relative de son entendement résulte chez elle une grâce juvénile, analogue à celle des enfants, dont nous ne pouvons nous empêcher d’adorer les jolis mots et les idées pleines de gentillesse. Une minaudière de trente ans déplaît à coup sûr ; la pédante choque encore plus, parce qu’elle est infidèle à sa nature, et qu’en affectant une gravité d’emprunt elle ment. Que la femme soit aussi raisonnable que le comporte sa nature, aussi sérieuse que l’exige la dignité matronale, elle sera toujours assez femme ; mais qu’elle n’aspire point à l’originalité et au génie, parce qu’elle paraîtra impertinente et sotte : dans cette juste mesure elle sera tout aimable, et, pour l’homme, d’un précieux conseil.

La qualité de l’esprit féminin a pour effet : 1o de servir au génie de l’homme de contre-épreuve, en reflétant ses pensées sous un angle qui les lui fait paraître plus belles si elles sont justes, plus absurdes si elles sont fausses ; 2o en conséquence, de nous obliger à simplifier notre savoir, à le condenser en des propositions simples,