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force. L’homme à seize ans n’est pas encore homme ; la jeune fille, au contraire, est déjà femme, et les années ne lui apporteront rien, si ce n’est peut-être de l’expérience.

La beauté est la vraie destination du sexe : c’est sa condition naturelle, son état. En principe, il n’y a pas de femme laide ; toutes jouissent, plus ou moins, de cette beauté indicible que le vulgaire appelle beauté du diable, et il dépend de nous que les moins favorisées se rachètent toujours par quelque charme. Qui ne sent, d’ailleurs, que dans une société civilisée la beauté de chacune profite à toutes, comme si elles n’étaient toutes, à des points de vue divers, que des représentantes de ce qu’il y a de plus divin parmi les hommes, la beauté ? Ce sont nos misères sociales, nos iniquités et nos vices qui enlaidissent, qui meurtrissent la femme.

La nature pousse donc rapidement le sexe à la beauté ; ce but atteint, elle l’y arrête. Tandis que l’homme passe outre, elle semble dire à la femme : Tu n’iras pas plus loin, car tu ne serais plus belle.

La vie de la femme, selon le vœu de la nature, est donc une jeunesse perpétuelle ; l’efflorescence, sitôt passée chez l’homme, qui court à grands pas à la virilité, dure chez la femme autant que la fécondité, souvent au delà. L’exemple de Diane de Poitiers, de Marie Stuart, de Ninon de Lenclos, de Mme de Maintenon et de bien d’autres, en qui l’âge semble impuissant contre la beauté, nous est un signe de la mission de la femme et un avertissement de notre devoir.

Les femmes veulent être toujours jeunes, toujours belles ; elles ont le sentiment de leur destinée. La laide, dans les conditions de la vie civilisée, n’existe pas plus que la sale : c’est un être hors nature, qui appelle compassion ou châtiment.

La femme, transparente, lumineuse, est le seul être