Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/450

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une grâce, comme disent les théologiens ; il faut l’amour.

Ici la femme, dont la destinée nous a paru tout à l’heure si compromise, reprend l’avantage ; comme Marie la nouvelle Ève, elle passe du rôle douloureux au rôle glorieux, et devient, par sa seule apparition au milieu des hommes, libératrice et justicière.

XXXII

4. Beauté de la femme.

La femme est belle. J’ai regretté, je le confesse, de n’avoir pas pour la peindre le style d’un Lamartine : regret indiscret. Assez d’autres célébreront celle que l’univers adore, que l’enfance ne peut regarder sans extase, la vieillesse sans soupirer. Après ce que j’ai dit de ses misères, la seule chose qui me soit permise en parlant de ses allégresses, c’est la simplicité, surtout le calme.

Quand l’Église nous représente la Vierge dans son immortalité radieuse, entourée des anges, et foulant aux pieds le serpent, elle fait le portrait de la femme telle que la pose la nature dans l’institution du mariage.

Elle est belle, dis-je, belle dans toutes ses puissances : or, la beauté devant être chez elle tout à la fois l’expression de la Justice et l’attrait qui nous y porte, elle sera meilleure que l’homme : l’être faible et nu, que nous n’avons trouvé propre ni au travail du corps, ni aux spéculations du génie, ni aux fonctions sévères du gouvernement et de la judicature, va devenir, par sa beauté, le moteur de toute Justice, de toute science, de toute industrie, de toute vertu.

D’où vient, d’abord, la beauté à la femme ? Notons ceci : de l’infériorité même de sa nature.

On peut dire que chez l’homme la beauté est passagère ; elle n’a rien pour lui d’essentiel ; elle n’est pas dans sa destinée ; il la traverse vite, pour arriver au plus tôt à la