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d’une collectivité hors de laquelle il n’a plus sa raison d’être, chose qui n’a rien que de parfaitement concevable, et que toute philosophie s’empressera d’admettre. Or, ainsi que nous le verrons bientôt, l’homme tient à la société par la femme, ni plus ni moins que l’enfant tient à sa mère par le cordon ombilical : reprenons donc, de ce point de vue de l’ensemble, notre examen de la femme ; considérons de ce sommet élevé de la collectivité humaine les faits que nous avons recueillis, et l’ordre ne tardera pas y apparaître.

XXX

2. Nécessité pour la Justice de se constituer un organe.

Au-dessus des trois règnes de la nature, minéral, végétal, animal, s’élève un quatrième règne, le règne de l’esprit libre, règne de l’idéal et du droit, en autres termes, le règne de l’humanité.

Pour que ce règne subsiste, il faut que la loi qui le constitue, à savoir la Justice, pénètre les âmes autrement que comme une simple notion, un rapport, une idée pure ; il faut qu’elle existe dans le sujet humain à titre de sentiment, d’affection, de faculté, de fonction, la plus positive de toutes les fonctions et la plus impérieuse.

Sans cette réalisation animique, la Justice se réduisant à une vue de l’esprit ne commanderait pas à la volonté ; ce serait une manière hypothétique de concilier les intérêts dont l’égoïsme pourrait à l’occasion reconnaître l’avantage, mais qui par elle-même ne l’obligerait point, et semblerait même ridicule, dès qu’elle entraînerait pour lui un sacrifice.

C’est ce que nous avons affirmé dès le commencement de ces Études, d’accord avec les partisans de la transcendance, qui tous ont parfaitement compris que la notion du juste et de l’injuste ne suffit pas par elle-même pour