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tionnelle, compromise dans son existence par l’infériorité de sa nature. Que conclure de là ? Sans doute que l’utopie platonique, spiritualiste, mystique et érotique de l’égalité sociale des sexes est inadmissible, mais aussi que ce n’est pas de ce point de vue qu’il faut envisager la femme. Conçu à la manière de Platon l’androgyne est un monstre : c’est la faute de Platon.

Ainsi encore, nous plaçant dans cette autre hypothèse qui fait de l’amour le souverain bien, le droit le plus sacré, le principe même de tout droit, manifestation la plus haute de la Divinité ; puis, suivant cette notion de l’amour dans ses conséquences, nous en avons bientôt reconnu la malfaisance, et nous l’avons signalé comme l’une des causes les plus puissantes de la corruption sociale. Que conclure de là encore ? que l’amour est mauvais de soi, une tentation du démon, un effet de notre déchéance originelle ? Non : ce serait manquer aux règles d’une saine logique. Nous conclurons seulement que l’amour, comme toutes les passions, comme toutes les forces de l’âme, comme la propriété, le travail, etc., est antinomique de sa nature ; qu’en conséquence il fait partie d’un système plus grand que lui, dont la loi doit le soumettre et lui donner l’équilibre. L’amour ayant son point de départ dans l’animalité, son moteur dans l’imagination, oscille entre deux extrêmes inséparables et irréductibles, qui sont les sens et l’esprit, la chair crue, si j’ose ainsi dire, et l’idéal, Par la contradiction de son essence, l’amour suppose donc quelque chose qui le dépasse, une loi plus haute, une puissance supérieure.

L’homme lui-même, malgré toute sa puissance, l’homme, considéré dans son individualité, paraîtrait irrationnel, incomplet, incapable de toute dignité et élévation : irions-nous pour cela nier l’homme ? Autant vaudrait nier l’univers. Disons seulement que l’homme fait partie essentielle