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tassent au mouvement, dont lui-même ne pouvait déterminer la direction ni prévoir l’issue !

En 1846, il publie son Histoire des Girondins. De l’opposition dynastique il avait glissé dans la république de l’idéal ; par une dernière évolution, le huitième volume de son Histoire n’était pas sous presse que de la République idéaliste il tombait dans le jacobinisme ; l’ancien volontaire de la légitimité se raccrochait à la queue de Robespierre.

En 1847, au banquet de Mâcon, il s’associe à l’agitation qui allait renverser le trône, et, suivant toujours le courant providentiel, il soutient en février 1848 le droit de réunion, contre lequel il avait voté, au moins implicitement, en 1833. Je voudrais savoir, à cette heure, ce que pensent de ce fameux droit de réunion les agitateurs de 1847, et M. de Lamartine tout le premier ?...

C’en est fait : M. de Lamartine est dans le courant ; il ne doute plus ni de lui-même ni du ciel, il avance toujours. Le 21 février il déclare qu’il ira au banquet quand même, et dût-il s’y trouver seul ; il accepterait, dit-il, la honte d’une reculade pour lui, non pour la France.

Le branle est donné ; la monarchie chancelle et tombe. Pourquoi, le 24 février, M. de Lamartine ne se souvient-il plus de la princesse Hélène, dont il avait si éloquemment défendu la cause en 1842, et qui était là, son enfant dans ses bras, appelant son orateur des yeux et du cœur ? Il y pensait, je le veux croire, aussi bien que M. Garnier-Pagès ; mais le peuple envahit l’assemblée, le courant se prononce contre la régence, en place de laquelle M. de Lamartine, interprète de la volonté du peuple et des desseins de Dieu, propose un Gouvernement provisoire.

Ce n’est pas assez, on demande la République. — M. de Lamartine hésite : il dit que personnellement il est pour elle, mais qu’il réserve les droits de la nation. Le contraire eût été plus vrai, surtout plus digne. Personnellement M. de Lamartine est royaliste, et dans la circonstance il ne réservait rien, il lâchait tout.

Le 25, grand combat de M. de Lamartine contre le drapeau