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XIV

Ces faits sont d’observation générale.

J’ai rapporté l’opinion des docteurs qui refusent une âme à la femme : on voit ce qui avait fait naître dans leur esprit cette opinion quelque peu injurieuse. Ils avaient observé la femme comme nous l’observons en ce moment, abstraction faite des influences paternelles et conjugales, c’est-à-dire en dehors de sa véritable destinée, et, comme ils la trouvaient de tous points inférieure, ils exprimaient leur jugement en disant : Elle n’a pas d’âme.

Mais écartons les témoignages virils, comme suspects.

« Les femmes, dit Mme Necker de Saussure, ont horreur du code : c’est pour elles un vrai grimoire.

« Les jeunes filles, trop persuadées de l’intérêt qu’elles se croient faites pour inspirer, veulent être préférées en toutes choses : la Justice les occupe peu. Il leur semble plus flatteur et plus doux d’être une exception à la règle que de s’y soumettre.

« Si les femmes s’examinaient avec attention, que de fois ne se trouveraient-elles pas une moralité relative dépendante de leurs affections ! Combien souvent leur conscience la plus délicate, la plus sensible, n’est-elle pas l’idée d’un être vivement aimé et un peu craint, qui les voit, qui les suit, qui jouit ou souffre de tout ce qui vient d’elles ! Cette conscience est bien quelque chose ; mais pourtant il en faudrait une autre que celle-là.

« Il faut aux femmes une sorte d’élan pour sentir la beauté du devoir ; encore, ce devoir même, elles ne l’accepteraient pas, s’il n’était basé sur la religion. » (Éducation progressive.)


Daniel Stern confirme ces observations :

« La femme, dit-elle, arrive à l’idée par la passion. »

Comment, après de pareils aveux, Mmes Necker de Saussure et Daniel Stern peuvent-elles soutenir l’égalité morale des sexes ?