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de jugement. Des intelligences mâles et femelles, c’est si joli ! Mais voyons les conséquences.

Comme l’a dit Kant, la qualité dans les choses est un aspect particulier de la quantité ; elle résulte de la comparaison de deux quantités inégales. C’est ainsi que la même couleur, plus ou moins foncée, se dénature et tend à devenir une autre couleur : en réalité il n’y a pas de démarcations tranchées dans le spectre, il n’y a que des dégradations.

Il en est ainsi pour tous les sens et facultés de l’homme.

Regardez la lune à l’œil nu ou dans un télescope, l’aspect de la planète n’est pas le même. Celui dont la vue serait assez forte pour résoudre les dernières nébuleuses, non-seulement verrait des choses que nous ne voyons pas, le spectacle du ciel lui paraîtrait encore tout différent.

La pensée se comporte absolument de même. Il y a des intelligences d’une portée, si j’ose ainsi dire, télescopique, qui découvrent dans les choses des rapports restés jusque-là inaccessibles ; des intelligences concentriques, qui, dans une masse de faits jetés en apparence au hasard, aperçoivent une liaison, un ordre, une unité, qu’auparavant on n’y voyait pas. C’est par opposition à ces deux sortes d’intelligences qu’on dit vulgairement : esprit à courte vue, esprit brouillon, pour désigner l’infirmité de ceux à qui la présence des faits et des choses ne montre rien.

VIII

En quoi donc consiste la différence qualitative de l’esprit entre l’homme et la femme ?

La femme n’a pas d’âme intelligente, dit un concile.

D’autres vont jusqu’à refuser toute espèce d’âme à la femme.