Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/360

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à la femme. Mais il n’est pas vrai que le progrès soit à l’égalité de l’homme à la femme, puisqu’il faudrait pour cela que le premier cessât de progresser dans l’intégralité de son être, pendant que la seconde progresserait dans l’intégralité du sien, ce qui est inadmissible.

Que reste-t-il maintenant, comme conclusion, de tous ces beaux raisonnements sur l’âme des femmes ?

C’est que, pour les mettre au pair avec nous, il faudrait rendre en nous la force et l’intelligence inutiles, arrêter le progrès de la science, de l’industrie, du travail, empêcher l’humanité de développer virilement sa puissance, la mutiler dans son corps et dans son âme, mentir à la destinée, refouler la nature, le tout pour la plus grande gloire de cette pauvre petite âme de femme, qui ne peut ni rivaliser avec son compagnon ni le suivre.

Des idées décousues, des raisonnements à contre-sens, des chimères prises pour des réalités, de vaines analogies érigées en principes, une direction d’esprit fatalement inclinée vers l’anéantissement : voilà l’intelligence de la femme, telle que la révèle la théorie imaginée par elle-même contre la suprématie de l’homme.

VII

Il serait peu courtois à un philosophe de s’en rapporter au jugement de la femme sur elle-même : elle ne se connaît pas, elle est incapable de se connaître. C’est à nous, qui la voyons et qui l’aimons, d’en faire l’autopsie.

Écartant d’abord, comme ultra-phénoménale, la question de savoir si l’âme et le corps, la matière et l’esprit, sont des substances distinctes ; si l’homme mérite considération seulement en tant qu’âme et abstraction faite de sa guenille, comme dit le bon Chrysale, ou s’il faut faire état aussi de cette guenille, un fait est au moins certain : c’est qu’en raison de l’influence réciproque,